L’accompagnement sociophotographique

Le travail sociophotographique est une affaire de lien, de rencontre, de singularité. Chaque démarche est unique. Chaque travail est un révélateur.

Une démarche d’accompagnement se déroule généralement sur une période de 6 à 8 mois. Dans un cas de maladie, cette période peut s’étendre à 12 à 18 mois. Au-delà des précautions que requièrt un tel accompagnement (c’est parfois de la dentelle), il faut tenir compte des impératifs liés à la fatigue du modèle, à ses rendez-vous médicaux, voire ses opérations. Le bien-être est évidemment la priorité et l’accompagnement sera adapté à chaque personne en fonction de ses besoins et de ses particularités.

Concrètement, un accompagnement se déroule en plusieurs phases.

LA PREMIÈRE consiste à se raconter et à créer un lien de confiance. Entrer dans un studio photographique est une démarche particulière. Il faut oser, faire le pas, et se lancer !

Toute personne qui traverse ou a traversé une maladie ou un accident a besoin de sentir la zone de sécurité qui sera sienne, les modalités de fonctionnement et la bienveillance qui permettra d’entrer dans une forme d’intimité.

PAR LA SUITE, plusieurs séances alliant coaching et photographies sont programmées. Au gré des besoins et des envies, celles-ci pourront aller d’une séance de portrait simple à une séance de photographie des cicatrices, voir une séance de peinture corporelle (bodypainting).

AU BOUT DE QUELQUES MOIS, vient alors un moment où le modèle, plus à l’aise en studio et plus habitué à se regarder en photo, entre de lui-même en démarche de coaching. Il prend conscience de certains freins personnels et se fixe des objectifs pour oser montrer sa démarche, se confronter à un ou plusieurs regards extérieurs pour finalement, mieux vivre ce corps nouvellement appréhendé.

FINALEMENT, c’est le modèle lui-même qui souhaite, après plusieurs mois, tester de nouvelles expériences en studio, se mettre en scène pour quitter l’étape d’acceptation de soi et aller vers… l’amour de soi.

FINALEMENT, c’est le modèle lui-même qui souhaite, après plusieurs mois, tester de nouvelles expériences en studio, se mettre en scène pour quitter l’étape d’acceptation de soi et aller vers… l’amour de soi.

La photographie constitue aussi une trace que l’on laisse dans sa propre histoire. Le modèle reçoit les épreuves photographiques issues de sa démarche pour son usage personnel, en souvenir d’une étape de vie marquante, et parfois en souvenir de liens familiaux. Certains modèles choisissent, après quelques mois, de rendre visibles leurs photos dans différents contextes. Parfois, ils nous autorisent à les utiliser, convaincus de l’utilité sociale de ce travail.

Notre sociophotographe : Tania Emery

A l’origine de l’Association, Tania Emery est photographe professionnelle depuis 2019. Enseignante de formation, elle s’est formée comme coach-personne ressource et accompagne les bénéficiaires de Corps à cœur pendant ou après une maladie ou un accident. Aujourd’hui, elle contribue à définir la pratique du métier de sociophotographe.

Témoignages

Témoignages de membres du comité de l’Association ou de bénéficiaires de ses services.

La sociophotographie, une définition

La sociophotographie est une pratique professionnelle nécessitant des compétences spécifiques en photographie et en accompagnement (coaching). Elle vise à permettre à une personne fragilisée de retrouver une bonne estime de soi.

Un soin de support


La sociophotographie est envisagée comme un soin de support. Ces derniers recouvrent «l’ensemble des soins et soutiens nécessaires aux personnes malades, parallèlement aux traitements spécifiques, lorsqu’il y en a, tout au long des maladies graves» (Di Santolo et al, 2018). Ils concernent tout aussi bien le champ somatique que celui de la psychologie, du social et du bien-être.

Une pratique psychocorporelle


Nous considérons également la sociophotographie comme une pratique psychocorporelle basée sur une approche holistique de l’être humain. Elle envisage corps et esprit comme un tout, et non comme une dualité.  «Le corps dont on parle n’est pas seulement physique et fonctionnel, il est aussi lieu d’affects, de représentations, d’émotions et outil de relation» (Célestin-Lhopiteau & Wanquet-Thibaul, 2018).

Une pratique d’étayage


Cela étant, la sociophotographie n’envisage pas seulement la médiation corporelle, via la photographie, comme outil de mobilisation de la sphère psychique. Elle entend aborder et travailler le corps dans le cadre global de l’étayage mutuel corps-psychisme (Lesage, 2012). Le concept d’étayage étant essentiel pour saisir les enjeux du psychocorporel, l’accompagnement évoqué précédemment relève donc bien d’une pratique professionnelle et non plus seulement d’une bonne volonté compassionnelle (Paul, 2020).

Le choix du terme « Sociophotographie »


Le travail effectué n’est pas à considérer comme une technique de photothérapie à l’instar de l’approche d’Emilie Danchin. Elle ne requiert pas de compétences thérapeutiques spécifiques. A l’expression «photographie thérapeutique» utilisée par certain·e·s pour un travail similaire, nous avons choisi, en écho à la socioesthétique et la sociocoiffure déjà existantes, le terme de sociophotographie.

Quelques références bibliographiques
  • Célestin-Lhopiteau, I., & Thibault, P. (2018). Guide des pratiques psychocorporelles : ressources pour les soins et la santé. Elsevier Masson.
  • Di Santolo, C., Etienne, R., Henry, A., Krakowski, I. & Remy, C. (2018). 1. Que sont les soins de support ?. Dans : Rémi Etienne éd., Soins de support en oncologie adulte (pp. 23-41). Paris: Dunod. https://doi.org/10.3917/dunod.etien.2018.01.0023
  • Lesage, B. (2012). Jalons pour une pratique psychocorporelle : structure, étayage, mouvement et relation.
  • Paul, M. (2020). La démarche d’accompagnement : Repères méthodologiques et ressources théoriques. De Boeck Supérieur.